Antoine Besaucèle d'Ambres ...

Sources: Folklore Tome XXXII Printemps 1979 - Notes et Documents

(proche parent de Guillaume Besaucèle, évêque constitutionnel de Carcassonne),
originaire de Saissac (Aude),
trouvé noyé dans le Tenten (1) le 23 mars 1793.


Le 23 mars 1793, en sa demeure de Sainte-Eulalie (Aude), et vers les cinq heures du soir,
Gilles Sanchez, juge de paix et officier de police du canton d'Alzonne,
reçoit une lettre de Bernard Patau, maire de Saint-Martin le Vieux,
suivant laquelle un cadavre a été trouvé flottant dans la rivière le Tenten, sur le territoire de la commune.

 

Le lendemain 24, accompagné de Sales, son secrétaire,
l'homme de loi se transporta sur les lieux où se trouvent déjà Bernard Patau, maire,
entouré de ses collaborateurs Jean Rouzaud, Jean Tort, Bernard Pacareu et Bernard Bastoul, agent municipal.
En outre était présent Barthélemy Courbière, agent de Santé,
dûment requis et habitant à Carlipa. Il prêta serment entre les mains de l'officier de police de procéder
en son âme et conscience à l'examen du cadavre, et de déclarer la vérité.

Le corps, ramené depuis la veille sur la berge par les soins de la municipalité de St-Martin le Vieil, est maintenant examiné. Barthélemy Courbière se livre à un travail méticuleux et consciencieux. « C'est le cadavre d'un homme âgé d'environ 49 ans ; tête assez grosse, cheveux noirs, cinq pieds, trois pouces, couvert d'une veste courte, drap marron, doublée de moleton blanc; gilet vert d'olive, culotte de sagatis (2) bleu mêlé blanc, bas bruns ; portant de gros souliers attachés avec des courroies de cuir ».
Ensuite, on procède à la fouille: « Nous avons trouvé dans ses poches un couteau, manche de corne blanc, un canif à manche noir, deux sols, un liard de monnaye, un morceau de soie d'Espagne rouge, un ruban de fil noir pour la queue (3), des boutons de manches, de composition rousse ; un morceau de ficelle et quelques papiers mal en ordre et tout mouillés, parmi lesquels nous avons distingué une lettre écrite le 24 février 1793 par le citoyen Gailardou, de Brousses, au citoyen Besaucèle d'Ambres à Saissac ».
L'examen se poursuit: « Nous n'avons trouvé aucune blessure ni trace de sang qui puisse nous faire soupçonner qu'il eût été maltraité ou assassiné. Nous avons trouvé à peu de distance du cadavre, en remontant la rivière, un chapeau noir avec une cocarde nationale qui nous a paru être le sien. »
Les abords de la rivière sont eux aussi soigneusement inspectés. « Sur un gazon qui forme un talus en pente du côté de la rivière, nous avons reconnu la trace d'un homme qui, s'y étant couché, avait glissé presque dans la rivière. »

Ainsi, Antoine Besaucèle serait mort par noyade consécutive à une glissade (4).
L'identification du cadavre est confirmée par l'arrivée sur les bords du Tenten de compatriotes et d'amis d'Antoine Besaucèle, savoir : « les citoyens François Esperou, Antoine Raucoule et Michel Cavalièr, le premier et le dernier habitants de Saissac et le second de Dourgne ; les deux premiers : parents du défunt et l'autre, son ami. »
La citoyenne Anne Besaucèle avait dépêché Esperou, Raucoule et Cavalier à la recherche du fugitif car elle craignait qu'il ne lui arrivât quelque événement fâcheux à cause de l'état de démence dont il était attaqué depuis quelques années, surtout à l'approche des chaleurs (5). Ces trois émissaires, à la prière de la dite Anne, ayant appris qu'on avait trouvé un cadavre noyé dans la rivière le Tenten, terroir de Saint-Martin-!e-Vieil, ils s'étaient empressés pour voir si c'était celui du dit Besaucèle d'Ambres. L'ayant formellement reconnu, ils l'ont réclamé.
Leur supplique fut honorée et le cadavre remis pour lui procurer la sépulture.
***
Etrange fin que celle d'Antoine Besaucèle d'Ambres,
parent et probablement neveu de Guillaume Besaucèle !

Et non moins étrange,
la dernière décade de la vie de Guillaume Besaucèle qui,
à la faveur de la Révolution, devient évêque constitutionnel de Carcassonne !

 

Guillaume Besaucèle...

Lui aussi est originaire de Saissac, où il naît le 3 septembre 1712 d'une famille bourgeoise (6).
Intellectuellement doué, il entre en cléricature et est ordonné prêtre. En 1769, il est créé vicaire général de Mgr de Bezons, évêque de Carcassonne. Plus tard, il est nommé doyen du Chapitre Cathédral, dignité qui fait de lui, dans le diocèse, un personnage en vue.
Le 15 mai 1791, il est élu évêque constitutionnel de l'Aude. Il a un certain goût du faste et de la grandeur. Narbonne la magnifique, Narbonne riche d'histoire l'attire irrésistiblement. C'est là qu'il fixera son siège épiscopal. Mais, pour ne pas se singulariser, semble-t-il, il imitera ses collègues dans l'épiscopat constitutionnel, et comme eux, il habitera au chef-lieu du département. Dès lors, la Cité de Carcassonne deviendra sa résidence et l'église des saints Nazaire et Celse, sa cathédrale.

 

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Cour intérieure de l'Ancien Hôtel de famille de Mgr Besaucèle.
Los Ciutadins: Guillaume Besaucele



Là, il mène une vie modeste et assez terne. Une partie du clergé rural et du bas-peuple semble lui accorder sa confiance. Le clergé urbain, la bourgeoisie et la noblesse paraissent assez réticents.

***

C'est durant son épiscopat - qui dura dix ans - que le prêtre Henri Beille, originaire de Roquefeuil, Aude, fut exécuté à Carcassonne le 21 février 1794, à 7 heures du matin, à l'angle sud-est de la « Place aux Herbes ».
Guillaume Besaucèle, âgé de plus de quatre vingt dix ans, mourut le 3 février 1801. Il fut enterré dans le cimetière de St-Nazaire, église cathédrale du diocèse, à côté du tombeau d'Armand de Bezons, dont il avait été l'un des vicaires généraux.

 

Besaucelle img 5370Guillaume BESAUCÈLE (1712-1801) repose sous une dalle abimée et illisible
Cimetière de la Cité - Basilique St Nazaire-St Celse (over-blog.com)


Abbé Joseph Courrieu.             


(1) Affluent rive droite du Lampy, le Tenten qu'enjambe un admirable pont à la hauteur de la ferme La Cache, connaît des colères subites et destructrices. Dans ses eaux, se noya, le 18 février 1793, Antoine François Rocreuse, dernier seigneur de St-Martin-le-Vieil. (Voir Folklore, n° 156).
(2) Sagatis : sorte de serge en laine peignée.
(3) Ce ruban servait à retenir les cheveux qui, attachés sur l'occiput, formaient comme une « queue de cheval ».
(4) Vraisemblablement, Antoine Besaucèle d'Ambres avait connu et peut-être estimé le dernier seigneur de St-Martin-le-Vieil, son voisin. Traumatisé depuis quelques années et, de ce fait, facilement impressionnable, n'aurait-il pas voulu mourir au même endroit où se noya Alexandre François Rocreuse ?
(5) Malgré ce handicap, Antoine Besaucèle siégeait, en 1792, au Conseil général de Saissac, en qualité de notable. 

 

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