Journal de bord de l'Azérou - La Ferme - INÉDIT
- Par Erick FANTIN
- Le 14/01/2023
- Dans Vieux papiers
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Par Jean Michel
"La métairie de l'Azerou à Mademoiselle Benazet avait été léguée par celle-ci à l'hospice de Saissac. Des métayers, les Arribaud en assuraient l'exploitation et tenaient un
« journal » qui se trouve aux archives de Saissac et que j'ai pu consulter. Beaucoup de renseignements fournis par ce journal ont été utilisés ici."
Les Arribaud, métayers de l'Azerou
"- Quel bon vent t'amène, Victor, dit Antoine Arribaud ; métayer à Saigne-Villemagne à son ami notaire qui descendait de voiture.
- Je viens pour affaire, répondit Victor Besaucèle. Je suis chargé par Demoiselle Marie-Rose Bénazet, la fille de feu Clément de chercher
de nouveaux métayers pour l'Azerou et j'ai pensé à toi."
Après forces discussions, les deux hommes parvinrent à se mettre d'accord sur les grandes lignes d'un contrat.
Le premier point concret étant la désignation de deux experts pour estimer la valeur du troupeau.
Après de longues et nombreuses discussions le contrat fut signé.
Aujourd'hui,
La Ferme
Dessin de Lucien Pleu
Une maison paysanne est toujours belle.
D'abord parce qu'elle est construite à mesure d'homme, sans aucune recherche de luxe,
appropriée au plus près à ce que le climat, les façons de vivre et le ménage des champs demandent qu'elle soit.
Tout y est justement utile, nécessité par la fonction.
Ensuite pace qu'elle tient tout de sa campagne même, qu'elle refait accord avec le fond,
le granit ou le schiste qui affleure ou la glaise du talus, le fût de hêtre
ou la javelle de seigle.
L'Azerou est une des plus belles métairies de Saissac.
Epaisse maison de schiste et de granit où le mica brasille encore.
Elle a la couleur du pain qu'on y pétrit. Les murs nord et ouest sont recouverts de plaques d'ardoise cuirasse bleutée
qui les protègent des grands vents de cers.
Son tuilage à cannelures garde quelque chose de vivant d'animé qui se patine si bien.
Vieux couvert de tuiles creuses, fleuronné d'une large cheminée où s'enracinent les fleurs de la montagne.
Les fenêtres sont petites donnant l'idée d'une vie confinée, humble et bonne,
une vie qui sent le feu de branches et la soupe, mais aussi une vie rouge et gaie, comme la flamme du feu qui s'arrondit
pour envelopper la marmite noire.
En sortant devant la porte, on avait devant soi tout cet air bleuissant,
tout ce large, tout ce vent qui brille,
toutes ces landes illimitées comme la mer ou comme ces ciels tristes
qui se caillebottent aux soirs d'automne.
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